SOCIOLOGIE CRITIQUE
DU NÉO-MANAGEMENT
À L'ÈRE NÉO-LIBÉRALE
Bernard FLORIS
(sociologue)
Néo-management - Vol. 1 – Définitions...
Révolution managériale et nouvelles techniques de domination du travail
Une révolution managériale a accompagné la globalisation financière de l’économie mondiale à partir des années 80 : la gestion des entreprises sur le modèle de « l’organisation scientifique du travail » (taylorisme-fordisme) et de la hiérarchie bureaucratique sous le pouvoir des « capitaines d’industrie » a été remplacée par le modèle managérial dominé par les marchés financiers.
Les exigences de retour sur investissement ont triplé ou quadruplé. Cela a entraîné une intensification inouïe de la productivité du travail (downsizing, délocalisations, sous-traitance, kaizen, dérégulation marché du travail) et l’avènement de nouvelles techniques de gestion de la production et de la consommation de masse.
Cette première intervention analyse les caractéristiques du Lean management :
a) interdépendance orientation financière et clients pour fusionner marchés financiers, production et consommation,
b) flux tendu, just in time et flexibilité pour intensifier la productivité,
c) gestion de la qualité totale pour contrôler le travail,
d) gestion individualisée des « ressources » humaines pour soumettre les salariés « corps et âmes » aux objectifs managériaux,
e) communication managériale pour imposer l’hégémonie de l’idéologie gestionnaire néolibérale.
- pour aller plus loin -
Bernard Floris a écrit la postface du livre de Marin Ledun et Brigitte Font Le Bret "Pendant qu'ils comptent les morts" :
Il est également co-auteur avec Marin Ledun de "La Vie Marchandise" chez La Tengo Editions :
Le livre qui incarne cette école du néo-management, "le prix de l'excellence" de Tom Peters et Robert Waterman, écrit en 1982, n'est pas à mettre entre toutes les mains :
Néo-management - Vol. 2 – ...
Management de la subjectivité
Après avoir défini les caractéristiques générales du Lean Management dans sa première conférence, Bernard Floris analysera comment les techniques de gestion individualisée des "ressources" humaines et de communication managériale visent à obtenir la soumission consentie ou subie des salariés, exécutants et cadres, afin qu'ils soient le plus productifs possibles.
Depuis une vingtaine d'années, ces techniques de domination du travail ont été introduites par les grands cabinets internationaux de conseil (les fameux Big Four...). La nouveauté de l'encadrement et des organisations de travail est de solliciter l'énergie physique ET psychique optimale de chaque individu et leur mise en concurrence dans la course sans fin à la performance.
Elle tend à transformer le comportement et les mentalités des salariés de telle sorte qu'il s'engagent "corps et âme" dans leur travail pour leur entreprise.
Les "risques psychosociaux" de ce management à la menace sont connus : soit d'être licencié, déplacé ou placardisé, soit que chacun s'estime incapable d'être à la hauteur d'objectifs individuels toujours plus exigeants. Les suicides, les dépressions nerveuses ou les arrêts maladie en sont la conséquence...
Michel SZEMPRUCH, réalisateur de documentaires, est venu filmer notre conférence dans le cadre de son dernier opus, un travail avec des syndicalistes (CGT, FO, SUD & UNSA) et avec Bernard Floris sur la souffrance au travail & le management, sous la forme d'une parodie de Star Trek à bord du vaisseau Enterprise en mission dans la galaxie Néo(management, of course). Ce documentaire devrait sortir en avril. On est très flattés d'y participer modestement...
Et voilà , en exclusivité pour vous, la première conférence de up! filmée par un "vrai" professionnel ! :
- pour aller plus loin -
Un documentaire édifiant "la mise à mort du travail", en trois parties, réalisé par Jean-Robert Viallet en 2009, prix albert londres, est visionnable en ligne :
Néo-management - Vol. 3 – ...
Résister et Agir
« éléments de réflexion pour se protéger et lutter contre le mal-être au travail » :
Les objectifs toujours plus élevés, l’amoindrissement des moyens et des personnels et l’appel managérial à s’engager « corps et âmes » pour l’entreprise font un redoutable obstacle à l’action collective.
Le syndicalisme s’est trouvé face à des formes d’enrôlement du travail inédites qui sortent de son expérience, en particulier celles de l’individualisation subjective qui isole et met en concurrence les salariés.
Les suicides et les diverses formes de souffrance au travail ont renforcé la crainte de l’action collective. L’accord ambigu sur les « risques psychosociaux » dédouanne l’organisation pathogène du travail et le « management à la menace ». A l’inverse, patronat et gouvernement tentent de supprimer les CHSCT, qui sont un instrument important contre les dérives managériales.
Il n’y a pas de techniques de domination invulnérables. L’enjeu est de reconstituer des collectifs de travail solidaires et de se mêler de son organisation. A partir d’une courte introduction et d’exemples d’actions dans des entreprises, cette séance vise à réfléchir ensemble pour construire des pistes de résistances individuelles et collectives, et d’actions appropriées.
... Pour rire ...
mais pas que !
Le comédien Christophe Bouisse met son talent au service d'une caricature hilarante d'un monde du travail que nous ne connaissons que trop ! Amusez-vous bien :